Néobanques et banques « vertes » : que penser d’elles ?
Bunq SuperGreen, Helios, Green-Got… les néobanques multiplient les initiatives « vertes », proposant des offres bancaires permettant de planter des arbres ou qui ne financent que des projets éthiques. Mais que valent vraiment ces néobanques « vertes » ?
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Les néobanques s’adressent en grande partie aux jeunes. Or, chez cette population, l’écologie est devenue une préoccupation première : il n’est donc pas étonnant de voir fleurir des projets de néobanques dites « vertes ».
Plutôt que d’axer sur la gratuité complète, les assurances ou les transactions offertes à l’étranger, ces offres proposent de payer pour planter des arbres ou compenser son empreinte carbone. Tout ça est bien joli, mais qu’est-ce ça vaut vraiment ? N’est-ce pas qu’une solution pour se donner bonne conscience ? Nous avons évalué certaines de ces offres.
Bunq Super Green : planter des arbres
La néobanque Bunq a été lancée en 2018 et propose l’offre Super Green pour 16,99€ par mois.
Le client possède une carte bancaire, un compte bancaire avec des sous-comptes, mais surtout, l’offre promet deux choses :
- Pour chaque 100€ euros dépensés, un arbre est planté grâce au partenariat avec l’association Eden Reforestation Projects, qui opère à Madagascar, au Népal, en Haïti, en Indonésie, au Mozambique et au Kenya
- Le consommateur peut décider où investir son argent (par catégories)
L’idée est attractive et l’initiative peut être saluée, mais, premier bémol, l’offre SuperGreen coûte très cher. 16,99€ par mois, soit 203,88€ par an, c’est plus qu’une offre classique dans une banque traditionnelle. Or, les jeunes n’ont justement pas autant de budget à dépenser pour une offre bancaire, aussi verte soit-elle.
Ensuite, le client possède dans son application une « forêt numérique » qui représente tous les arbres plantés. Malheureusement, il n’est pas possible de savoir où exactement cet arbre a été planté et de quelle variété il s’agit. Et que se passe-t-il si l’arbre est finalement coupé ou s’il dépérit ? Sans déprécier l’action proposée par Bunq, on regrettera le manque de précision. Il faut aussi savoir que les associations signalent qu’il est plus important de protéger les forêts actuelles plutôt que de reboiser, car un arbre et plus largement une forêt peuvent mettre des dizaines d’années à grandir et se reconstruire.
La néobanque Green-Got (à venir) compte également mettre en place un système de plantation d’arbres en fonction des dépenses.
Estimer son empreinte carbone
Autre projet des banques : permettre au consommateur d’estimer son empreinte carbone grâce à ses achats. Green de Monabanq, la néobanque Hélios (à venir) ou encore la carte bancaire Doconomy, lancée en Suède, ont opté pour cette solution.
Grâce aux relevés bancaires, ces banques et néobanques estiment l’empreinte carbone du client. Chaque catégorie d’achats (vêtements, restaurants…) est associée à un indice qui permet de calculer le CO² émit pour chaque euro dépensé.
Si, là encore, l’intention est bonne et permet de sensibiliser les consommateurs à leur empreinte carbone (estimée à 11 tonnes par an par français), elle n’est pas assez précise pour être efficace.
Impossible en effet de prendre en compte l’origine de production du fruit acheté ou du vêtement, ou l’ancienneté de la voiture. Les données perçues par la banque avec un simple relevé de compte sont très limitées. De fait, l’estimation n’est que cela, une grossière estimation. Le client fera mieux de regarder directement en magasin la provenance de ce qu’il achète et de privilégier la production locale.
Mais ne dénigrons pas des initiatives importantes. Que les nouveaux acteurs bancaires se saisissent de la transition écologique et s’en préoccupent est primordial pour l’avenir. Sensibiliser les consommateurs pour qu’ils modifient leurs habitudes, en leur faisant prendre conscience de leur trop grande empreinte carbone, est tout aussi essentiel. On peut espérer que ces estimations pourront être plus précises à l’avenir et que ces offres se développeront davantage.
Choisir où son argent est investi
L’argent des Français déposé chez les banques peut être utilisé pour financer les énergies fossiles ou autres pratiques peu écologiques. Ainsi, un consommateur qui agit de manière éthique au quotidien et a adapté sa consommation va sans le vouloir supporter des pratiques auxquelles il n’adhère pas. Jusqu’ici, il n’est cependant pas possible de décider ce que la banque fera de son argent. Ou peut-être que si ?
- Bunq : le client peut sélectionner dans l’application là où il souhaite que son argent soit investi (>> Voir toutes les offres)
- Hélios (à venir) : la néobanque promettra d’investir uniquement dans des activités propres >> Voir l’offre
- Tomorrow (néobanque allemande) : la néobanque sélectionne des projets pour soutenir le climat dans des pays en développement. Avec l’offre Tomorrow Zero (15€/mois) 5€ sont dédiés au soutien de ces projets. La néobanque promet ainsi de supprimer totalement l’empreinte carbone du client.
Dans les faits, il est difficile pour un consommateur néophyte de déterminer si une entreprise est réellement verte ou non, et si elle doit être soutenue. Quels sont seulement les critères à retenir ? Il faudra faire confiance à la néobanque. L’avantage va toutefois à Tomorrow qui présente sur son site les trois projets retenus pour être soutenus, projets qui ont été certifiés par les organismes de contrôle allemands.
Revolut : donner pour soutenir des associations
Enfin, la néobanque Britannique Revolut a mis en place un système de dons aux associations. Elle propose d’arrondir ses achats et de faire don de la différence à une association, soit pour un don unique ou récurrent. Il est aussi possible de faire un don quand on le souhaite et du moment désiré.
Revolut ne prélève aucune commission, le don complet sera reversé à l’association.
Certaines de ces organisations sont dédiées à la protection de l’environnement, comme Rainforest Alliance ou WWF.
Revolut propose trois offres bancaires. La première est gratuite et intègre une carte MasterCard. La seconde, à 7,99€ par mois, comporte des assurances voyage et davantage de transactions gratuites à l’étranger. Enfin, la formule Metal à 13,99€ par mois associe encore plus d’assurances et une carte bancaire en métal.
Conclusion : faut-il souscrire chez une néobanque verte ?
Même si les offres des néobanques sont loin d’être parfaites, faut-il tout de même souscrire parce que c’est « mieux que rien » ?
Souscrire à ce type de formule permettra de les soutenir, de les aider à se développer davantage et à s’améliorer. Que des offres de ce genre se multiplient ne peut être que bénéfique pour sensibiliser davantage les consommateurs et les aider à réduire leur empreinte carbone.
Certaines offres comme Hélios et Green-Got ne sont pas encore disponibles et devraient être lancées d’ici fin 2020.
Toutefois, Bunq SuperGreen reste coûteuse et ne s’adresse qu’à ceux qui ont les moyens de s’offrir une telle formule bancaire. Du côté de Monabanq, on peut obtenir des offres bancaires complètes (cartes, comptes, chéquier… il s’agit d’une banque en ligne à part entière) à partir de 2€ par mois. Enfin, Revolut est ici la seule à permettre de profiter d’une offre gratuite. Toutefois, on peut aussi faire des dons aux associations directement, sans passer par Revolut.
Rédigé par Claire Krust - Mis à jour le 16/03/2023